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"Une pièce découpée en 7 parties, 7 sentiments évolutifs, […] 7 jours pour la Création du Monde, et 7 pour la détruire."
Sandra Honoré.

 

Faire un conte de « La Dispute » de Marivaux, avoir des images abstraites en têtes, mettre des mots sur le papier, sont une chose, mais concrétiser ses idées en est une autre. Il a donc fallu choisir un point de départ bien précis pour y parvenir, reprendre le texte, le décortiquer afin de le découper en plusieurs parties.

Comme dans toutes les histoires, un commencement et une fin sont nécessaires. J’ai commencé par une segmentation de la pièce en 9 parties que j’appelle « pages ».

La première « page » est un prologue, la dernière est un épilogue.
Pour le prologue, j’ai créé un début de pièce chorégraphié et sans texte pour poser mon univers et raconter de manière cohérente comment Dina et Meslis sont choisis par le Prince, et comment ils sont transformés en Carise et Mesrou. Cette « danse silencieuse » a été travaillé dans une gestuelle et une prise de position dans l’espace rigoureuse et précise. Cette entrée en matière me permet également de raconter « l’enlèvement des quatre enfants au berceau » par le Prince et non par son père : « Mon père […] résolut de savoir à quoi s’en tenir, par une épreuve qui ne laissât rien à désirer ». J’ai pris le parti que le Prince mente à Hermiane. Mon prologue englobe donc le début de la pièce inventé, la scène 1 et 2 du texte original de Marivaux, et se termine par la toute première apparition des « quatre adolescents », juste avant la scène 3 du texte original.

Restait à organiser les 7 pages restantes de manière cohérente. Là encore, le chiffre 7 n’est pas un hasard . 7 jours pour la Création du monde et 7 jours pour commencer sa destruction.
J’ai choisi de baser mon histoire, non pas sur l’évolution de ces 7 jours, mais sur la progression de 7 sentiments évolutifs.

Ce que j’appelle « sentiment évolutif » signifie qu’un sentiment se transforme peu à peu, évolue, jusqu’à donner cours à un autre sentiment, plus fort ou moins fort, mais directement lié au premier.
Par exemple, les scènes 3 (Eglé/Carise) et la scène 4 (Eglé/Azor), forment ma première « page ».

La découverte de l’enveloppe charnelle, si elle est agréable, entraîne le fait de se plaire, puis de plaire à l’autre, de le découvrir, donc de découvrir également l’attirance, l’envie de s’imposer, de dominer l’autre.
Puis ce sentiment évolutif en entraîne un autre, jusqu’à la huitième page.
La mise en scène consiste à lier ces sentiments évolutifs, tout en marquant la progression ou le changement de page.

Sandra Honoré